La chute - Albert Camus

ROMAN15 ANS ET PLUS/LYCÉECLASSIQUE

Première de couverture du roman La chute d'Albert Camus
Première de couverture du roman La chute d'Albert Camus

L'avis d'Azalyaa

La chute d'Albert Camus, publié en 1956, est une œuvre philosophique. Camus, à travers ce roman, nous plonge dans l'âme torturée de Jean-Baptiste Clamence, un ancien avocat parisien qui, désormais exilé à Amsterdam, se livre à une confession sans retenue. Le récit est un monologue intérieur où Clamence, dans un quartier sordide de la ville, partage sa descente inexorable vers la prise de conscience de son hypocrisie et de la vacuité de son existence.

Le cadre de l'histoire, Amsterdam, avec ses canaux brumeux et ses quartiers pleins de vice, est en parfaite résonance avec le thème du livre. L’atmosphère, à la fois oppressante et hypnotique, accompagne le lecteur tout au long du récit, ajoutant une couche supplémentaire à l’introspection de Clamence.

Le personnage de Jean-Baptiste Clamence est fascinant dans sa complexité. Avocat brillant et philanthrope dans sa vie antérieure, il se révèle progressivement à lui-même et à son interlocuteur — ce "vous" ambigu, qui pourrait être le lecteur ou simplement un autre reflet de lui-même — comme un homme rongé par la culpabilité et la honte. Son rôle de "juge-pénitent" qu'il s'impose est une tentative désespérée de donner un sens à sa vie après la chute, cette chute morale qui a commencé le soir où, sur le pont des Arts, il a choisi de ne pas porter secours à une femme se jetant dans la Seine. Cet événement, simple mais dévastateur, devient le catalyseur de sa remise en question existentielle.

Camus utilise ce personnage pour explorer des thèmes profonds tels que la justice, la culpabilité, l'absurdité de l'existence et la nature humaine. Clamence est à la fois victime et bourreau, celui qui juge et celui qui est jugé. Cette dualité, présente tout au long du roman, pousse le lecteur à s'interroger sur sa propre moralité et sur la sincérité de ses actions. À travers ce prisme, Camus dénonce l'hypocrisie sociale et personnelle, révélant les failles dans les idéaux humanistes et altruistes que la société chérit.

La structure du roman est un monologue continu. Structure vraiment étonnante et intéressante ! Cependant, ce parti pris de l'auteur n'empêche pas certaines longueurs d'apparaître.

En conclusion, La chute est une œuvre magistrale qui, par sa richesse thématique et son style incisif, continue de résonner avec force des décennies après sa publication.

Résumé éditeur

«Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet, et qui semblait regarder le fleuve. De plus près, je distinguai une mince jeune femme, habillée de noir. Entre les cheveux sombres et le col du manteau, on voyait seulement une nuque, fraîche et mouillée, à laquelle je fus sensible. Mais je poursuivis ma route, après une hésitation. […] J’avais déjà parcouru une cinquantaine de mètres à peu près, lorsque j’entendis le bruit, qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d’un corps qui s’abat sur l’eau. Je m’arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt, j’entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s’éteignit brusquement.»

Caractéristiques

Titre : La chute

Auteur : Albert Camus

Éditeur : Gallimard

Collection : Folio

La note d'Azalyaa

Notation : 4 étoiles sur 5
Notation : 4 étoiles sur 5

Date de parution : 18/01/1972 (poche) - première édition 1957

Nombre de pages : 152

Public visé : 15 ans et plus/Lycée

EAN : 9782070360109