Le corbeau : L'affaire Grégory Villemin - Merdrignac / Houllemare / Lé
BDÀ PARTIR DE 14 ANS/3ÈMEFAMILLEENQUÊTE


L'avis d'Azalyaa
Résumé éditeur
Une famille étendue aux rapports complexes, une région reculée, un corbeau harceleur, des journalistes déchaînés qui mènent leur propre enquête, un jeune juge d’instruction ambitieux qui multiplie les erreurs : tous les ingrédients d’un polar implacable sont réunis ; ils forment pourtant la trame d’un fait divers bien réel…
Caractéristiques
Titre : Le corbeau : L'affaire Grégory Villemin
Scénaristes : Béatrice Merdrignac / Tristan Houllemare
Illustrateur : Grégory Lé
Éditeur : Petit à petit
La note d'Azalyaa


Date de parution : 09/10/2024
Nombre de pages : 192
Public visé : À partir de 14 ans/3ème
EAN : 9782380462104
L'intrigue
La BD retrace avec minutie l’une des affaires criminelles les plus marquantes de la justice française : le meurtre du petit Grégory Villemin. En s’appuyant sur les faits réels, elle déroule le fil d’une enquête labyrinthique, entre drame familial, pression médiatique et erreurs judiciaires. Le récit parvient à condenser quarante ans de rebondissements, ce qui est déjà un tour de force. Cependant, cette densité peut parfois nuire à la fluidité : le lecteur se perd un peu dans la succession des protagonistes et des versions contradictoires. Le suspense demeure, mais il se mêle à une forme de frustration, puisque, comme dans la réalité, aucune vérité définitive n’émerge.
Les personnages principaux
Ici, pas de héros classique : les figures clés de l’affaire (les Villemin, les enquêteurs, les journalistes, les corbeaux anonymes) forment une galerie complexe, parfois déroutante. Chacun semble pris dans un engrenage d’émotions, de soupçons et d’orgueil. La BD parvient à restituer cette humanité trouble : personne n’est totalement coupable ni innocent. Le jeune juge d’instruction, notamment, incarne la naïveté et la précipitation d’un système judiciaire dépassé. Cependant, la multiplication des points de vue peut diluer l’attachement émotionnel : on observe plus qu’on ne ressent.
Entre les lignes
Au-delà du fait divers, l’album propose une véritable réflexion sur la justice, la manipulation médiatique et la cruauté du regard public. Le corbeau devient la métaphore d’une société avide de rumeurs et de jugements hâtifs. On devine aussi une critique implicite du sensationnalisme journalistique et du voyeurisme collectif. En filigrane, c’est la question de la vérité, insaisissable, déformée par les discours, qui se pose. L’approche reste respectueuse du drame, sans tomber dans le pathos, mais on sent une certaine distance, presque clinique, qui peut laisser le lecteur sur sa faim émotionnelle.
Le style
Graphiquement, la BD est très réussie : le trait est précis, le découpage rigoureux, et les ambiances sombres renforcent la tension. Le réalisme des visages et des décors plonge le lecteur au cœur de l’époque. Le choix d’une narration documentaire, froide, méthodique, correspond bien au sujet, mais crée aussi une lecture exigeante, parfois un peu aride. Le texte, dense et informatif, impressionne par sa rigueur, mais manque peut-être d’un souffle narratif pour captiver totalement.
Conclusion
Cette BD réussit à faire revivre avec intelligence et précision une affaire judiciaire tentaculaire. Elle impressionne par sa rigueur documentaire et la qualité de son dessin, mais son ton analytique et distancié empêche parfois l’émotion de passer. Une œuvre solide, passionnante pour les amateurs d’enquêtes réelles, mais un peu trop froide pour toucher pleinement.
Vous vous intéressez aux grandes affaires criminelles françaises et à leurs zones d’ombre.
Vous appréciez les BD documentaires rigoureuses, bien documentées et graphiquement soignées.
Vous voulez comprendre les mécanismes médiatiques et judiciaires autour d’un fait divers réel.
Vous cherchez un polar avec un vrai dénouement et une tension dramatique continue.
Vous préférez les récits émotionnels ou les portraits intimes.



