Le théorème du kiwi - Jacky Schwartzmann

ROMANÀ PARTIR DE 11 ANS/6ÈMEAMITIÉMALADIE

Première de couverture du roman Le théorème du kiwi de Jacky Schwartzmann
Première de couverture du roman Le théorème du kiwi de Jacky Schwartzmann

L'avis d'Azalyaa


Le roman s’ouvre sur une scène insolite : Ernest, adolescent rangé, attend dans la voiture de son père quand deux jeunes filles surgissent et prennent les commandes du véhicule. En quelques instants, il est embarqué dans une fugue inattendue avec Lili, une adolescente bipolaire, et Élodie, atteinte d’un autisme sévère. Ce point de départ, à la fois surprenant et poétique, installe immédiatement une ambiance à mi-chemin entre le road-trip et le roman d’initiation. L’intrigue se construit autour de cette fugue, à la fois réelle et symbolique. Ce n’est pas seulement une fuite géographique, c’est une évasion loin des rôles assignés, des diagnostics, des attentes sociales. Le roman joue habilement entre moments de tension, instants de grâce et respirations humoristiques, pour dresser le portrait d’un trio improbable, profondément humain.

Les personnages sont le cœur battant du roman. Ernest, d’abord présenté comme un garçon discret, presque transparent, va peu à peu s’affirmer et se révéler à lui-même. Fils de médecin, élevé dans un cadre rigide et rassurant, il se découvre au contact de Lili et Élodie une capacité à ressentir, à choisir, à désobéir aussi. Lili est une figure solaire et instable, tour à tour exaltée et fragile. Son trouble bipolaire est traité avec justesse, sans caricature : elle est à la fois lumineuse et déconcertante, ce qui la rend profondément attachante. Élodie, quant à elle, est un personnage d’une grande délicatesse. Si elle ne parle pas ou peu, ses gestes, ses réactions, son regard deviennent autant de moyens d’expression qui donnent lieu à des scènes d’une rare intensité émotionnelle. Leur relation forme un équilibre instable mais sincère, et c’est dans cette dynamique à trois que le roman trouve sa force : une amitié naissante, imprévisible, qui dépasse les mots.

Le roman aborde avec subtilité plusieurs thèmes sensibles. Le plus évident est celui de la folie, ou plutôt de la manière dont la société catégorise et isole ceux qui ne rentrent pas dans la norme. Lili et Élodie incarnent deux formes de troubles psychiques, mais le roman ne les réduit jamais à leurs diagnostics. Elles sont avant tout des personnes, singulières, libres, complexes. Il est aussi question de liberté, de la nécessité d’échapper, ne serait-ce qu’un moment, aux carcans familiaux, médicaux ou scolaires. La fugue devient ici un moyen de s’inventer soi-même, en dehors des étiquettes. Le thème de l’identité est également central : chacun des trois personnages est en quête de sens, d’autonomie, de reconnaissance. Ernest, en particulier, cherche à sortir de l’ombre de son père et à construire sa propre voix. Enfin, le roman interroge la normalité, avec une vraie tendresse pour ceux qui s’en éloignent. Il invite à changer de regard, à observer les autres avec moins de peur et plus de curiosité, de bienveillance.

Le style de l’auteur est à la fois fluide et sensible, teinté d’humour et de poésie. L’écriture alterne les registres, capable de restituer aussi bien l’agitation intérieure de Lili que le silence habité d’Élodie. Le roman avance avec un rythme vif, sans jamais sacrifier la profondeur des émotions. Les dialogues sont vivants, justes, souvent drôles. Ils révèlent autant qu’ils cachent, et participent pleinement à la construction des personnages. Le choix de narration laisse aussi une large place aux non-dits, aux regards, aux gestes minuscules qui prennent ici une valeur immense. L’auteur fait preuve d’une grande justesse psychologique, sans jamais tomber dans l’explication lourde ou le pathos. L’écriture reste pudique, respectueuse, mais profondément incarnée.

Ce roman est une échappée belle, à la fois douce et bouleversante. À travers une situation improbable mais touchante, il interroge avec justesse ce que signifie "vivre libre" quand on est enfermé dans des cases.

Résumé éditeur

Ernest attendait sagement à l'arrière de la voiture de son père, quand il les a vues débouler. Deux filles échappées du pavillon psy pour ados. L'une s'est installée au volant, l'autre a pris la place du passager. Et voilà comment Ernest, fils de médecin, s'est retrouvé embarqué dans une folle équipée en compagnie de Lili, bipolaire, et d'Elodie, atteinte d'un autisme sévère. Pour être honnête, Ernest n'a rien fait pour les arrêter. Comme si lui aussi avait envie de s'évader, loin, bien loin de son destin tout tracé.

Caractéristiques

Titre : Le théorème du kiwi

Auteur : Jacky Schwartzmann

Éditeur : L'école des loisirs

Collection : Médium

La note d'Azalyaa

Notation : 3, 5 étoiles sur 5
Notation : 3, 5 étoiles sur 5

Date de parution : 28/08/2024

Nombre de pages : 128

Public visé : À partir de 11 ans/6ème

EAN : 9782211338080

La note de Musas

Notation : 4 étoiles sur 5
Notation : 4 étoiles sur 5