Mamie n'a plus toute sa tête. T.1 - Romain Dutreix

L'avis d'Azalyaa

Résumé éditeur

La mamie de Romain Dutreix n’a plus toute sa tête : lorsque des employés du gaz ou d’Engie viennent la visiter, la pauvre confond les uniformes de ses visiteurs avec ceux de la Gestapo ! Ce qui ne serait pas trop grave, si elle n’imaginait que son défunt mari et ancien résistant la pousse à les éliminer dans la cave de la maison… Non seulement c’est moralement répréhensible, mais notre héros doit alors éliminer toute trace des méfaits de sa mamie. Et tous ces meurtres, à couvrir, ça prend du temps alors sa femme commence à se poser des questions : n’aurait-il pas une liaison ?

Caractéristiques

Titre : Mamie n'a plus toute sa tête. T.1

Auteur : Romain Dutreix

Éditeur : Dargaud

La note d'Azalyaa

Date de parution : 07/06/2024

Nombre de pages : 64

Public visé : À partir de 13 ans/4ème

EAN : 9782205204490

L'intrigue

Cette BD mêle humour noir, absurde et drame familial dans un scénario aussi tordu qu’irrésistible. Tout part d’un malentendu : une grand-mère sénile prend des employés de service pour des nazis et les élimine, persuadée d’accomplir son devoir de résistante. Son petit-fils, dépassé, tente de dissimuler les cadavres et d’éviter que sa femme ne découvre ses “activités suspectes”. L’histoire, à la fois grinçante et délirante, fonctionne comme une comédie de l’absurde parfaitement rythmée. L’intrigue tient la route du début à la fin, et malgré son ton loufoque, elle aborde subtilement des thèmes profonds : la mémoire, la vieillesse, la culpabilité et la folie ordinaire.

Les personnages principaux

• La grand-mère est évidemment le moteur comique et tragique du récit : touchante, perdue dans ses souvenirs de guerre, elle oscille entre pathétique et effrayante. Romain Dutreix en fait un personnage à la fois attachant et inquiétant, qui incarne la confusion entre mémoire collective et délire personnel.

• Le petit-fils, quant à lui, est un antihéros typique du burlesque : dépassé, maladroit, mais d’une humanité désarmante.

• Sa femme ajoute une touche de normalité, contrepoint parfait à la spirale de mensonges et de chaos. Chacun joue sa partition dans une mécanique d’une efficacité redoutable.

Entre les lignes

Sous ses airs de farce, la BD interroge la transmission des traumatismes et la manière dont les souvenirs de guerre hantent encore les générations suivantes. Le rire, ici, sert de soupape : il désamorce la gravité sans la nier. On sent aussi une réflexion sur la vieillesse, la perte de repères et l’impossibilité de communiquer entre générations. L’auteur réussit le pari d’un humour noir intelligent, qui fait sourire autant qu’il met mal à l’aise.

Le style

Graphiquement, c’est du Dutreix pur jus : un trait caricatural mais expressif, un découpage dynamique, et une mise en scène précise qui accentue le comique de situation. Le ton oscille entre polar absurde et satire sociale, avec des dialogues savoureux et un rythme parfaitement maîtrisé. L’humour noir, souvent délicat à manier, est ici dosé avec justesse : ni gratuit, ni lourd, toujours au service du propos. Le tout se lit d’une traite, avec un vrai plaisir de lecture.

Conclusion

Cette BD est une réussite totale d’humour noir : drôle, cynique, dérangeante, mais étrangement tendre. Romain Dutreix y déploie une mécanique narrative impeccable, à la fois comique et cruelle, qui questionne la mémoire et la folie avec un sourire en coin. Une BD aussi grinçante que réjouissante, qui donne envie de lire le second tome sans attendre.

• Vous aimez les BD à humour noir, pleines de situations absurdes et de rebondissements.

• Vous appréciez les histoires qui mélangent rire et malaise, avec une touche de critique sociale.

• Vous voulez découvrir un récit original, entre polar, comédie et drame familial.

• Vous n’aimez pas l’humour noir ou les récits où la mort est traitée de façon décalée.

• Vous cherchez une histoire réaliste ou émotive : ici, tout repose sur le burlesque et l’ironie.

La note de Musas