Marcher dans tes pas - Léonor de Récondo

L'avis d'Azalyaa

Résumé éditeur

La vie d'Enriqueta bascule le 18 août 1936, quand, en quelques minutes, elle doit fuir la maison familiale d'Irun menacée par les franquistes. Ce jour-là, elle perd tout.

Quarante ans plus tard, sa petite-fille, Léonor, naît française. Pourtant, lorsqu'une loi espagnole permet aux descendants d'exilés politiques d'obtenir la nationalité perdue, elle décide de la demander. Pourquoi tourner et retourner une terre emplie de fantômes ? Et qui était au juste Enriqueta ?

Caractéristiques

Titre : Marcher dans tes pas

Autrice : Léonor de Récondo

Éditeur : L'iconoclaste

La note d'Azalyaa

Date de parution : 21/08/2025

Nombre de pages : 242

Public visé : 15 ans et plus/Lycée

EAN : ‎ 9782378805012

L'intrigue

Le roman explore la mémoire, l’exil et la filiation à travers deux destins féminins liés par le sang et par l’Histoire : Enriqueta, contrainte de fuir l’Espagne franquiste en 1936, et Léonor, sa petite-fille, née française quarante ans plus tard. À partir d’un geste administratif, la demande de nationalité espagnole, la narratrice entame une quête intime et poétique pour comprendre d’où elle vient. Le récit avance entre passé et présent, entre souvenirs réinventés et fragments de mémoire, dans un tissage délicat où l’Histoire collective rejoint le drame familial. Ce n’est pas une intrigue au sens classique, mais une méditation sur la transmission, la perte et le besoin de racines.

Les personnages principaux

• Enriqueta incarne la figure de l’exilée, la femme déracinée à jamais marquée par la guerre. Sa présence plane sur tout le livre comme une ombre douce et obstinée. On la découvre à travers le regard de sa petite-fille, qui tente de recomposer son histoire à partir d’éclats : quelques photos, des silences, des sensations.

• Léonor, quant à elle, est la narratrice et le double de l’autrice : une femme en quête de sens, habitée par la mémoire des siens. Elle se fait passeuse d’histoire, reconstruisant ce qui a été effacé. Les deux femmes se rejoignent dans une même quête d’identité et d’amour, au-delà du temps et des frontières.

Entre les lignes

Sous le récit intime, le roman parle de mémoire collective, de résistance au silence et de la nécessité de se souvenir. Enriqueta représente ces milliers de vies effacées par la guerre civile, tandis que Léonor cherche à leur redonner une voix. Mais au-delà de l’Histoire, c’est un texte sur la filiation féminine, sur ce que l’on transmet sans le dire. Les fantômes deviennent des guides, et la langue poétique de Récondo agit comme un fil qui relie les générations. C’est un livre sur la douceur du souvenir et la douleur du déracinement, sur l’amour comme ultime acte de mémoire.

Le style

L’écriture de Léonor de Récondo est lyrique, sensorielle et musicale. Chaque phrase semble ciselée, vibrante d’émotion contenue. Elle mêle les registres, poétique, historique, intime, avec une grande maîtrise. Le texte se lit autant qu’il s’écoute, tant la langue est fluide et rythmée. Le style, parfois elliptique, demande une lecture attentive, mais il récompense par sa beauté : c’est une écriture de l’émotion, plus que de l’action. Les images, souvent charnelles, traduisent une proximité presque charnelle avec les absentes.

Conclusion

Léonor de Récondo signe un roman intense, délicat et profondément humain, où la mémoire devient un acte d’amour. À travers Enriqueta et Léonor, elle fait dialoguer les vivants et les morts, les mères et les filles, les langues et les pays. C’est un texte vibrant, à la fois pudique et bouleversant, qui célèbre la parole retrouvée et la force du lien.

• Vous aimez les récits intimes qui explorent la mémoire, la filiation et l’exil.

• Vous appréciez les écritures poétiques et sensibles.

• Vous vous intéressez à la guerre d’Espagne, à ses traces et à sa transmission dans les générations suivantes.

• Vous préférez les intrigues linéaires et les récits très narratifs.

• Vous n'aimez pas les textes où la poésie et la symbolique prennent le pas sur l’action.